Bilan personnel...

Dans l’écriture comme dans la cuisine chinoise,il y a les gens doués et ceux qui se persuadent qu’ils le sont,et qui intoxiquent les autres de part leur prétention infondée. Je ne sais ni écrire ni cuisiner chinois et pourtant, et pourtant je remplit mon esprit de cette idée saugrenue et folle que je suis douée et que mon écriture glisse sur le papier,comme une plume sur ma peau…
Et bien que je sache pertinemment que ce n’est pas par le mot si doux que l’on nomme littérature qui renferme une quelconque once de talent,cependant il n’y a que par elle que j’exorcise mon ennui. Ennui légitime mais tout bonnement incompréhensible pour vous,je le comprend,je vous le concède…
Il est vrai que pour qui se prend-elle cette brunette parvenue qui ne fait rien de ses journées. Cette femme emmitouflée dans la chemise hors de prix de son amant, en fumant cigarettes sur cigarettes,tapant des mots aussi ridicules que sans le moindre intérêt.
Mais vraiment qui est-elle cette pauvre idiote qui vit sur les cachets de son acteur d’homme,qui se plaint de vivre dans l’ennui le plus extrême tout en déambulant dans l’immense chambre de son appartement,pieds nus contre le chauffage au sol.
Et bien cette arrogante personne n’est autre que moi,je n’en ai pas honte,pourquoi le devrais-je ?

Je me nomme Maëlenn,nom que mon entourage à rapidement rétréci à Lenn,puis Lenny pour les plus intimes,j’ai 31 ans et je suis…rien. Oui c’est ça je ne suis rien,rien du tout,je vis dans l’ombre de celui que j’aime,j’ai des diplômes mais je ne travaille pas, je suis en âge d’éduquer des enfants je n’en ai pas,je ne suis même pas marier à mon homme…Tout ceci m’amène donc à conclure que je suis la meilleure représentation du rien,l’ultime exemple de la femme-objet, l’image sacré de l’inutilité mondaine et sociale. Et je vis ainsi depuis presque 10 ans… Une décennie entière, l’équivalent d’un tiers de ma vie,juste le temps de mûrir et de se construire paraît-il…Je me suis construit,pour ça il n’y a pas de doute,vous ne pouvez même pas imaginer à quel point ,les médias et la horde de lectrices friandes de voir que leur vie de merde avec leur abruti de maris est bien plus enviable que celle des partenaires de leurs fantasmes…Ainsi pendant six mois,ma vie sexuelle fut l’un des sujets chocs que voulaient à tout prix connaître tous bon rédacteur de magazines people…Puis on m’a oublié après tout je n’était qu’une illustre inconnu,une prostituée de bon marché pour un des acteurs les plus intouchables du 7e art français.
Enfin tout cela pour dire que depuis presque dix ans je suis maintenue par des chaines invisibles que l’on nomme Amour…Moi,la Lenny féministe et indépendante qui se disait au-dessus de toute cette armée phalloïdienne… Après réflexion,je crois que c’est mon attirance pour les mauvais garçons,ceux que personne n’a et qui vous brûlent les ailes qui m’a entrainé dans ce traquenard. Il m’est même arrivé de penser que tout cela n’était qu’un horrible manège que l’on aurait monté à mon issue,une sorte de caméra cachée…
Mais aujourd’hui il n’y a plus de doute,la seule raison pour laquelle je suis restée prisonnière dans ma tour,c’est que j’aimais Nico,éperdument,à en perdre pied.

Tout en lui m’a toujours électrisé,de son regard de velours impénétrable,jusqu’à la douceur de ses mains, de son petit mètre 70 qui se conjuguait si bien à ma petitesse à son sex-appeal si redoutable,qu’il m’avait fait chavirer le cœur en un éclair. Comme un aimant indifférent au reste du monde,il m’avait attiré jusqu’à lui pour m’enfermer dans son univers suave de désir.
Aucune de nos nuits ne fut autre que torride. De nos corps à corps passionnés ne ressortaient toujours qu’un désir amoureux plus fort encore. Jamais je ne connus de sensation plus douce que mes lèvres sur son torse,ses mains sur mes hanches, de nos mots d’amours glissés à l’oreille de l’autre. Du charnel nous faisions un art,de l’Amour une manière de vivre. Et dans ce cocon il n’y avait de la place que pour deux, et il fallut bien un jour que je me sente étouffée dans ce trop plein de tendresse.
Deux être épris de liberté ne sont pas fait pour vivre à deux…C’est pourquoi une fois mon point final posé, je ferais mes valises.