- Vidage de crâne -

Je marche seule. Rapidement. Il me faut patienter une heure et demi. Je n'ai aucun but précis, mais j'avance. Je trouverai bien un objet à admirer au centre commercial.
Autour de moi, des amies qui rient, des amants qui s'embrassent et une mère qui chuchotte à l'oreil de son bébé, confortablement calé dans ses bras acceuillants. Moi je parle dans ma tête. Plus précisement, j'écris un texte. Il prendra forme sur un écran, quand je serait rentrée à la maison. Chaque personne m'inspire une phrase, et je passe le temps. Mais parfois, et plus souvent que je ne le voudrai, une pensée m'interrompt. C'est Lui. Il m'obsède; alors que je ne suis pour lui qu'une amie, tout au plus.
Je croise un homme, il joue de la guitare et voit défiler les passants. J'aime sa musique, elle égaye l'endroit. Contrairement à d'habitude, je le regarde, et lui sourit. J'ai enfin compris: si on ne peut pas lui donner de pièce, un sourire ne coûte rien. Il me rend me sourire.
Je croise Sam! Enfin: dans toute cette foule, une tête connue! Elle est pressée aussi: cours de guitare oblige.
Après encore quelques minutes de marche, j'arrive aux boutiques, mon porte-monnaie désespérement vide. Mais mon but n'est que de gaspiller quelques minutes. J'écoute Micky Green, puis je lis un conte. Une princesse se marie avec un cadavre, parce qu'elle pense que les hommes sont des porcs. Assez étrange.
Il est l'heure. Je fais demi-tour, repasse devant le chanteur. En traversant la voie du tram, je scrute rapidement l'arrêt: peut être qu'Il y est...
Pitoyable.