Analyse personnelle

Aujourd'hui cela fait quatre mois et une semaine.
Quatre mois et une semaine que cette relation fusionnelle avec Thomas est terminée, dans un flot incroyable de larmes, de supplications, de terreur et de cauchemars.
Aujourd'hui je me sens bien malgré tout. Mais cela est assez récent, je dois l'avouer.
Je me pose toutefois des questions.

Cette rupture difficile s'est en effet soldée d'un nouveau petit ami, exactement 15 jours après.

Pourquoi?

Pourquoi avoir pu passer aussi vite à autre chose, moi qui répugnait l'adultère et la seule pensée d'être touchée par un autre quelques temps auparavant?
Bien-sûr, officiellement il ne s'agissait pas d'adultère et il n'y avait plus "d'autre", mais j'étais persuadée de rester seule si longtemps..
Suis-je sans coeur au point de pouvoir oublier si vite une histoire si longue et passionnée au profit d'une amourette fraîche et plutôt indépendante?

Tourmentée par ces pensées coupables, je me dois de mener ici mon analyse personnelle.

Retournons en arrière.

12 novembre 2007.

On m'a enlevé une partie de moi-même.
Je refuse d'y croire et pourtant c'est vrai, il est parti, il me laisse, il ne veut plus m'entendre ni me parler.
L'après midi se passe avec cette seule phrase en tête: Je me hais.
Je hais ce physique pas assez bien pour le retenir, je hais ce caractère trop insupportable pour qu'il continue de m'aimer, je hais ces raisons obscures qui l'ont fait rester avec moi ces années, je me hais, je me hais, je me hais..
Le cours de compta a été interminable. Je l'ai passé à essayer de retenir mes larmes sans y parvenir, à affronter les regards de ces abrutis de la classe qui se demandaient pourquoi la blonde idiote de la classe arrêtait soudain de rire comme une cruche avec sa voisine de table.
Enfin terminé, je suis sortie sans prendre la peine de mettre mon manteau. Il faisait froid, c'était la nuit, Claire a crié « met ton manteau putin tu me donne froid ».
Mais le froid ça remet les idées en place.
« tu vas où ? » j'ai même pas répondu à Florent. J'ai tracé tout droit, je n'avais aucune idée de là où j'allais.. J'étais en t-shirt, mes dents ne claquaient même pas tellement elles en avaient rien à foutre non plus, maintenant.
Après avoir marché seule dans les rues vides quelques minutes, je suis rentrée en ruminant mes pensées. Je me hais. Je me hais.

13 novembre.

Je perd patience. Je lui en veux pour m'avoir fait miroiter une vie de couple parfaite après quelques années de patience, et de me l'enlever au moment où j'apercevais le bout de son nez.
Après la colère, les supplications. Je pleure, je n'hésite pas à me traîner dans la boue, prête à tout pour qu'il veuille bien de moi de nouveau, mais non rien. Il dit qu'il veut bien, puis change d'avis, je suis bouleversée et abandonne finalement.

Le courageux garçon de me donne plus de nouvelle pendant exactement 22 jours.

A cette date déjà j'étais de nouveau accompagnée. Que s'est-il donc passé?

Tout d'abord dévastée, un séjour chez mon meilleur ami me redonne le moral. L'homme gay et gai, hystérique même, se met en quête d'un nouveau chevalier pour son amie si triste, et l'aide à lutter à coups de grands éclats de rire et de soirée au restaurant.
Je retrouve le sourire.
Je me sens mieux.
Très rapidement je commence à regarder les autres hommes, faisant confiance à Fred, me prenant au jeu.
Quelques jours plus tard, je confie à l'un de mes meilleurs amis que le garçon de notre groupe de projet me plaît beaucoup. Mais persuadée que je n'ai aucune chance, il est si charmant, je ne cherche pas trop.
Et pourtant je ne peux m'empêcher de laisser entendre qu'il me plaît.. Je sais qu'il a une copine, mais jamais il n'aurait dû me dire qu'il n'en était plus amoureux et qu'il allait la plaquer..
Je lache un "si tu as un copain célibataire, un peu comme toi.. mais en moins brute peut-être.. pense à moi.."
Des paroles ultra provocante, je m'en rend compte aujourd'hui.
Moi, oser dire ça.. Je ne me reconnais pas.

Analyse.
Me mettre si bas pour mon ex a entraîné une profonde perte d'estime.
J'étais une princesse, je me suis retrouvée plus bas que terre, à le supplier comme s'il me mettait à mort, à cesser de me nourrir, à penser à en finir..
Une perte d'estime que j'ai certainement cherché à combler à tout prix, car on ne peut pas vivre en ayant cette image de soi n'est-ce pas?
J'ai soudain ressenti le terrible besoin de me sentir regardée avec envie, caressée avec tendresse, embrassée avec douceur.
En bref, après qu'un garçon m'ait fait souffrir, j'ai cherché un garçon pour me protéger.
Incapable de vivre seule?
Je ne pense pas. Je pense que si j'avais rompu par manque d'amour, le célibat ne m'aurait pas posé de problème. C'est vraiment le fait d'avoir senti que je ne plaisais plus qui m'a poussé à chercher quelqu'un pour me prouver le contraire, pour ne pas sombrer dans la dépression.
Une sorte de réflexe de survie, si l'on veut.


L'esprit humain est tordu, n'est-ce pas?


Voilou, ça faisait un petit moment que je voulais faire cette analyse sur moi-même. Je me sens bien mieux à présent