Ciel

J'attends et je regarde,
passer au bord des champs,
Sur la rembarde du jardin de maman,

Je fixe l'horizon infiniment long,
Je voudrais qu'il me dise,
Comment, la-haut, ils font,
Pour poser les mises,
De bonheur et de satisfaction.

J'aimerais qu'il m'apprenne à rire,
Comme le font les enfants.
Je voudrais être son sourire,
Comme je l'étais auparavant.

Quand j'avais la lune comme amie.
Quand je parlais au soleil, de ma vie.
Quand je pleurais, triste, sous la pluie.
Quand j'ai entendu à l'arbre, son cri.
Que je ne rentrai plus qu'à minuit,
La tête dans la galaxie,
Le coeur, sous milles émotions, enfoui.

Ainsi résignée, je pleure seule devant lui.
Cet horizon démoli,
par ses fils et pavillons.
Arbres et plantes, disparus !
Place au grand roi, le goudron.
Il a anéanti la vue,
Sur ma campagne résolue.

Même le ciel se meurt.
Même la lune s'écoeure.
Et ils ne sont même plus là,
Pour me rassurer encore une fois,
Ils sont aussi partis, comme ma poétique enfance.
J'ai perdu moi aussi, cette mignonne inocence.

Dans le chèque d'un promoteur,
Qui valait mieux que mon futile bonheur.