Time to dead {+1,8}

Je rampe dans la noirceur des ténèbres et du sable blanc s'élève et danse autour de moi mais ce n'est que la poussière qui me nargue, moi, seule enchaînée dans le néant, luttant pour ne pas voir la lumière s'éteindre au loin. J'entends mon souffle rauque accélérer à chaque seconde, cette obscurité est pour moi comme un étau se resserrant autour des battements de plus en plus irréguliers de mon coeur. Pourquoi m'a-t-on enfermée ici ? Quel crime effroyable ai-je commis pour être condamnée à l'obscurité à perpétuité ? Puis, soudain j'émerge et comme un bébé qui prend son premier souffle, je crie d'une voix puissante, effroyable, qui perce les ténèbres qui à nouveau m'entourent ... Ont-ils seulement arrêter ? Je ne crois pas. Puis, j'entends des voix, de nombreuses voix qui bourdonnent dans mes tympans, j'essaie de m'en débarrasser mais elles deviennent de plus en plus intenses et ma tête est prête à exploser quand ... plus rien, un silence profond s'est formé et m'inquiète encore plus, comment est-il arrivé ce silence ?

Je ne fais que me poser des questions qui resteront sans doute sans réponses car je sens que la fin est proche, l'air devient froid et mon haleine, blanche à son contact. J'agite jambes et bras pour ne pas m'engourdir mais les chaînes me retiennent. La lourde porte s'ouvre alors en grinçant et une silhouette apparaît, je ne suis pas en mesure de la distinguer car la lumière qui émane de la pièce voisine m'éblouit mais j'entends une voix ... on me demande si j'ai faim ... je ne sais pas mais j'acquiesce de la tête, tétanisée par la peur, rien ne peut être pire que l'obscurité à laquelle je suis confrontée depuis le début. Quand cela a commencé ? Je l'ignore, je n'ai plus aucune notion de temps et chaque seconde me rapproche un peu plus de mon inexorable destin. L'on m'envoie ce qui ressemble à du pain, je l'attrape difficilement en me traînant sur le sol, un vieux problème de dos réapparaît soudainement et m'arrache un cri de douleur alors que mes doigts s'agrippent autour de ce pain ...

Je m’évanouis à cause de la fatigue et de mon mal de dos, longtemps, je reste sur le sol à attendre venir la mort. Je sens que tous mes membres se raidissent et s’engourdissent, ma tête devient lourde et me tourne. Est-ce La Grande Faux qui vient enfin me chercher dans les fondements de ma peur ? Mais je me réveille en sursaut, la douleur me maintient en vie, si seulement elle pouvait disparaître ... J’approche le pain de ma bouche, j’ai du mal à l’ouvrir, ma mâchoire est toute engourdie et je mange avec difficulté car ma déglutition est mauvaise mais la douleur qui s’éternisait dans mon ventre disparaît et je me sens mieux. Je trouve la force de m’asseoir et j’essaye à nouveau de distinguer quelque chose dans les ténèbres ... Là-bas, quelque chose brille ! Qu’est-ce que c’est ? Un tintement sur le mur lisse ! Je m’attache à la dernière chose qui me rappelle le monde extérieur, un bijou, une pierre, du métal, que sais-je encore ? Mon esprit travaille et ce nouvel espoir me redonne de l’énergie et mes membres reprennent leur activité, le sang circule à nouveau ! Je ne vais pas mourir ! L’espoir s’empare entièrement de moi et j’ai encore le goût de vivre.

Je suis envahie par ce bonheur éphémère et j’espère silencieusement qu’on vienne me chercher mais la raison prend le dessus sur l’espoir dans mon esprit engourdi. Les premiers mots qui sortent de ma bouche depuis que je suis ici surgissent brusquement :
« - Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir ! »
Mes ongles agrippent le sol, se cassent et j’ai les mains pleines de sang, le sang de mes doigts blessés. Mon envie de mort revient et la chaîne rouillée m’apparaît en cet instant comme une vague porte de sortie. Mes mains tremblantes se posent dessus et la soulève lentement vers mon visage et je l’enroule autour de mon cou dans un élan de lucidité. Je l’attends mais elle ne vient pas, me nargue-t-elle ? S’amuse-t-elle à cet instant entre la vie et la mort ? Ma vision se brouille ... J’étouffe ... Parée à l’expulsion de mon âme … La mort, enfin ...