Cheval de Bois {+1.25}

Cheval de Bois

On m'a dit que si je n'écoutais pas ce que me disent les grandes personnes, je ne serais jamais grand. Je n'ai jamais dit le contraire, car maman me le dit aussi, et elle, elle ne dit que la vérité. Si je n'ai pas le droit d'aller voir mes copains, c'est parce qu'elle m'aime et qu'elle veut me voir. Et si elle me bat quand je m'assois dans le grand fauteuil de papa, c'est pour m'apprendre à être un "gentil garçon".
Je suis agenouillé, les mains dans la terre. J'ai perdu un bouton de mon gilet, il ne va pas trop avec mon gilet, mais c'est maman qui m'a dit que c'était une occasion au prix qu'ils étaient les boutons. Ma mère sortit de la maison, les mains sur les hanches, elle m'observait, avec son visage crispé. Moi je ne savais plus trop quoi faire, je me suis levé, j'ai caché mes mains derrière mon dos et baissé la tête.
C'est là que je me suis aperçu que mon pantalon beige était tout vert et marron des genoux jusqu'en bas, et ma chemise blanche un peu aussi je doit dire.
Elle n'a rien dit, elle ma pris le bras m'a emmener dans la salle de bain et a mit mes vêtements dans la corbeille. Clac. Je ne dit rien, c'était son droit de me gifler, c'était pour me montrer que je ne vaut pas des vêtements sales. Elle m'ordonne de me laver les mains, je m'execute, puis comme elle ne me dit plus rien, je vais dans le salon.
Parfois, père et mère se disputent, mais je sais que c'est parce qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Mère crie, me giffle et me bat plus fort que d'habitude quand elle est énervé avec papa. Mais je ne dis rien, elle a raison, je lui appartiens après tout. Et après je vais toujours dans le salon, où mon père se cache derrière un grand journal et fume ses vieux cigares, qui sentent le papier brûlé. Il plia le journal et me regarde, ses yeux marron semblent ne pas m'en vouloir, et au bout d'un petit moment il remet son journal devant lui et je l'entends marmonner.
"Tu es un cheval de bois ..."